19 février 2010

« Nous sommes dans leur collimateur »

vendredi 19 février 2010 - 07h:13

Eugenio Garcia Gascón
Público


La Cour suprême israélienne a ordonné hier, la remise en liberté sous caution de 600 euros, de la pacifiste espagnole Jové Ariadna Marti, membre d’ISM (International Solidarity Movement), qui avait été arrêtée par des soldats israéliens à Ramallah (Cisjordanie occupée) dimanche matin à l’aube.
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Ariadna Jové Martí y Bridgette Chappel, lors de leur comparution devant la cour suprême israélienne

Le plus Haut tribunal donne au procureur un délai de cinq jours pour répondre aux deux demandes de l’avocat qui défend la Catalane et sa camarade l’Australienne Bridgette Chappell. Ces deux demandes pourraient faire jurisprudence concernant les droits des étrangers qui arrivent dans le pays pour aider les Palestiniens.

Partie des « Zones A »

Une fois la décision du procureur annoncée, la Cour Suprême devra décider si l’irruption d’une dizaine de soldats israéliens dans le domicile où dormaient les deux activistes, dans la ville palestinienne de Ramallah, était licite, compte tenu que Ramallah fait partie de la Zone A qui est sous contrôle des Palestiniens selon les Accords d’Oslo, et dans laquelle les soldats israéliennes ne peuvent entrer que s’il existe un danger imminent pour la sécurité d’Israël.

La deuxième requête de la défense, pas moins importante, est de savoir si des militants étrangers, ou quiconque, a le droit de rester dans une Zone A lorsque leur visa, délivré par Israël, est périmé.
Omer Shatz, l’avocat qui défend les deux pacifistes, affirme qu’Israël n’a pas l’autorité d’expulser par la force une personne qui se trouve dans une Zone A.

Des semaines, voire des mois d’attente

La Cour Suprême a ordonné aux deux militantes - qui se trouvent en bonne santé et ont beaucoup de courage -, de demeurer en Israël et de ne pas entrer dans les territoires palestiniens jusqu’à ce que le cas soit résolu et que le tribunal décide si elles sont déportées ou si elles retournent à Ramallah.

La Cour peut mettre des jours, des semaines, voire des mois pour prendre une décision, surtout si l’une ou l’autre partie présente des recours.

Ariadna Jové, âgée de 26 ans, est entrée en Israël en août 2009 avec un visa de touriste de trois mois. En tant que membre d’ISM, elle s’était rendue dans les territoires palestiniens occupés, et elle n’en était pas sortie jusqu’à son arrestation dimanche dernier. Elle envoyait occasionnellement des articles journalistiques pour le site alternatif Rebelion.org.

ISM est le mouvement de volontaires internationaux qui s’est le plus impliqué dans la défense des Palestiniens. Ses membres réalisent grand nombre d’activités visant à protéger les Palestiniens des abus qu’ils subissent à cause de l’occupation militaire israélienne.

Ces dernières semaines, le gouvernement israélien a lancé une campagne de persécution des coopérants étrangers, en particulier ceux qui travaillent dans la zone occupée de Jérusalem. Les Israéliens croient que les volontaires d’ISM sont les plus "dangereux" parmi tous les étrangers.

Interview

A sept heures du soir de hier, Ariadna Jové Martí se trouvait dans la prison de Ram-leh en Israël, et négociait sa libération. La caution avait déjà été réglée et Ariadna se préparait pour passer sa première nuit à Tel-Aviv.

Quel est votre bilan de cette expérience ?

Il s’agit d’une expérience désagréable mais elle peut servir à éviter que la même situation se répète à l’avenir. Voilà mon espoir. Les militants internationaux sont dans le collimateur des Israéliens, qui n’hésitent pas à les enlever ou même les expulser.

Est- ce que cela a valu la peine ?

Je crois que cela a été une grande victoire pour nous deux mais aussi pour ceux qui nous suivront à l’avenir.

Que pensez vous faire maintenant ?

Nous devons maintenant attendre la décision de la Cour Suprême. Je crois que nous avons au moins réussi à transmettre à l’Espagne qu’il existe ici un conflit qui doit être résolu.

Quels sont vos souvenirs lors de l’arrestation ? C’était quelque chose de très choquant. Ils sont venus nous chercher directement dans nos lits et lorsque nous nous sommes réveillées nous avons vu une vingtaine de soldats et la maison encerclée. Tout cela nous a vraiment fait un grand effet.

Comment avez-vous été traitées ?

Je pense que nous avons été mieux traitées que d’autres détenues. Peut-être à cause de l’attention que nous avons reçu du consulat espagnol à Jérusalem ainsi que de l‘Ambassade de Tel-Aviv et des médias espagnols. Ils ont tous été très gentils et je veux les remercier.

9 février 2010 - Público - Vous pouvez consulter ces articles à :
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Traduction de l’espagnol : Inés Molina V.





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