06 juillet 2010

Banditisme : six policiers arrêtés à Marseille et à Nîmes









Six policiers ont été arrêtés mardi matin dans le cadre d'une opération qualifiée de "mains propres" au sein de la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône et du Gard, a-t-on appris de plusieurs sources proches de l'enquête. Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, a réagi en demandant "un châtiment particulièrement exemplaire" s'il y avait "faute grave et avérée".

Six gradés et gardiens de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) ont été interpellés – quatre à Marseille et deux à Nîmes – dans cette opération déclenchée mardi. Ces fonctionnaires sont suspectés d'avoir rendu de menus services à des malfaiteurs désireux d'informations pour faciliter leurs opérations frauduleuses, selon ces sources. Des perquisitions sont en cours avec notamment l'analyse de leurs appels téléphoniques et de leurs ordinateurs professionnels et personnels. "Si les faits sont confirmés, cela porte atteinte aux policiers locaux", a déclaré Brice Hortefeux, interrogé lors d'une conférence de presse place Beauvau où il a dressé son bilan depuis sa nomination au ministère de l'intérieur, il y a un an.

Des renforts parisiens de l'Inspection générale de la police nationale sont arrivés à Marseille pour aider leurs collègues du siège régional de la police des polices. Cette opération était prévue depuis plusieurs semaines, le coup de filet contre le milieu du grand banditisme mené début juin par le juge Philippe Dorcet, de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, ayant montré que le dispositif policier n'était pas étanche, selon ces sources, notamment policières.

La DDSP des Bouches-du-Rhône a indiqué "n'avoir aucune information et n'avoir strictement rien à dire". Le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest, n'a pas non plus réagi. Les arrestations interviennent quatre jours après la mise en examen vendredi soir, par un juge marseillais, d'un enquêteur du service régional de police judiciaire de Marseille pour violation du secret de l'instruction. Cet enquêteur est suspecté d'avoir alimenté le milieu en informations et avait été placé sur écoute avant le coup de filet de la direction centrale de la police judiciaire contre le grand banditisme marseillais début juin, qui avait permis d'arrêter plusieurs "figures" dont les frères Campanella et Bernard Barresi, en fuite depuis dix-huit ans. Présenté au juge d'instruction Christophe Perruaux, le policier a été écroué vendredi dans la soirée.


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Lors d'une conférence de presse, mardi 6 juillet, où il entendait dresser son bilan place Beauvau, le ministre de l'intérieur a critiqué le travail de la justice, jugeant à mots couverts qu'elle libère trop facilement les délinquants arrêtés par la police. "La chaîne de sécurité s'interrompt brusquement après l'interpellation [par les forces de l'ordre]", a-t-il déclaré.

"Il ne s'agit en aucun cas pour moi de stigmatiser l'institution judiciaire", a ajouté le ministre, mais "je ne peux pas non plus ne pas m'interroger : dans tous ces cas, à quoi a servi le travail des forces de sécurité ? A quoi sert la détention provisoire ? […] Je sais que Michèle Alliot-Marie [ministre de la justice] est parfaitement consciente de ce problème", a-t-il assuré, ajoutant qu'il se "battrait sans relâche pour que le travail de la police soit respecté" et "que les victimes ne soient jamais méprisées".


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