15 juillet 2010

Dangereux amalgames

mercredi 14 juillet 2010

Yazid Alilat - Le Quotidien d’Oran


La Cour pénale internationale (CPI), après avoir inculpé et lancé en 2009 un mandat d’arrêt international contre le président soudanais Omar El Bechir, a ajouté lundi un autre chef d’inculpation : génocide des ethnies Four, Masalit et Z’ghawa, ces derniers étant à cheval entre le Tchad et le Soudan.

Le président du Soudan, un pays libre et indépendant, est ainsi mis au banc de l’humanité pour des événements dramatiques qui se sont passés au Darfour, avec le déplacement de milliers de réfugiés, fuyant la guerre civile qui faisait rage, avant que les parties au conflit ne décident de mettre de côté les armes et d’entamer une difficile réconciliation nationale. Les médias et les ONG européens, notamment, se sont mis ainsi, depuis 1980, à soutenir la sédition au Sud-Soudan, organisée par des ethnies majoritairement animistes, c’est-à-dire chrétiennes. John Garang, leur leader, est mort dans un accident d’hélicoptère après avoir signé un accord de paix avec le gouvernement soudanais.

La CPI, en versant des larmes de crocodile sur les réfugiés et les victimes des massacres au Sud-Soudan entre 2006 et 2008, veut faire oublier à l’opinion publique internationale les autres massacres qui sont organisés, planifiés et exécutés presque quotidiennement dans le monde avec l’aide de la superpuissance militaire américaine.

Au milieu de l’hiver 2009, la même année où la CPI avait ordonné l’arrestation de Omar El Bechir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, elle n’a pourtant rien vu, rien entendu, rien reçu comme rapport d’enquête sur les bombardements sauvages et criminels, diffusés en direct sur toutes les TV du monde, de la population de Ghaza. Tous les crimes de guerre des sionistes en Palestine occupée, qui sont perpétrés chaque jour par l’armée israélienne, ne sont jamais répertoriés ni catalogués comme crimes comme l’humanité. Et, circonstance aggravante pour une CPI qui a pris les contours d’une infâme vassalité, l’agression israélienne contre Ghaza, qui a duré presque un mois, s’est soldée en janvier 2009 par quelques 660 morts par armes de guerre [les autorités de Gaza ont annoncé 1 440 morts - ndp], dont plus de 220 sont des enfants, ainsi que plus de 1 300 blessés.

Si ce n’est pas un crime contre l’humanité, un cas violent moralement de crime de guerre, de génocide, alors de quelle nature est la véritable mission de la CPI ? Accuser des chefs d’Etat de pays en proie aux affres de la pauvreté de criminels de guerre, et oublier ceux qui portent des tenues militaires et des grades de généraux, qui ont des avions de combat utilisant des armes de destruction massive les plus sophistiquées, c’est assurément berner de la pire des façons l’opinion publique internationale.

Et sur ce registre, qu’a fait la CPI pour mener une véritable chasse aux criminels de guerre serbes qui ont rasé des villes bosniaques entières ? Rien, ou presque. C’est Nuremberg, à l’envers : on condamne les victimes, pas les bourreaux.

Combien faut-il de Ghaza, de Srebreniça, d’Al-Khalil, de Khan Younès, de Sarajevo pour que les véritables criminels de guerre soient au moins désignés du doigt ?

Aucun commentaire: