15 juillet 2010


Message de Fidel aux économistes


CAMARADES économistes du CIEM:

Sur la Résolution 1929.

Le 27 juin 2010, dans un message envoyé suite à la Résolution 1929 du Conseil de sécurité de l’ONU approuvée le 9 juin 2010, je disais à son destinataire ce qui suit :

«Il n’y a qu’une chose dont on puisse être sûr: cette fois, Cuba sera très loin de la cible d’armes de ce type, de même que le reste de l’Amérique latine, du nord du Mexique au cap Horn.

«Lorsque s’éteindra le feu nucléaire, qui sera nécessairement de courte durée, on pourra parler de la crise de la post-guerre, qui éclatera immédiatement.

«Tout cela pourrait paraître hautement fantaisiste, non moins que le fait que, par un véritable miracle, Cuba a échappé à l’attaque nucléaire d’octobre 1962.

« [...] on ne parlera plus de capitalisme ou de socialisme. Il s’ouvrira une étape d’administration des biens et des services disponibles dans cette partie du continent. Inévitablement, chaque pays sera alors gouverné par ceux qui sont aujourd’hui à sa tête, dont plusieurs sont très proches du socialisme, et d’autres débordent d’euphorie à l’idée du marché mondial qui s’ouvrira aux combustibles, à l’uranium, au cuivre, au lithium, au fer et à d’autres métaux aujourd’hui envoyés aux pays développés et riches, des marchés qui disparaîtront brusquement.

«Dans de telles circonstances, les produits les plus indispensables à la vie: les aliments, l’eau, les combustibles et les ressources de l’hémisphère situé au sud des Etats-Unis abondent pour conserver un peu de civilisation, cette civilisation dont les progrès incontrôlés ont conduit l’humanité à un tel désastre.»

Je sais que certains camarades s’inquiètent sérieusement, estimant que je mets ma crédibilité en danger lorsque je soutiens des idées aussi cruciales, selon lesquelles un conflit deviendrait aujourd’hui, inévitablement, nucléaire.

C’est ce que je fais depuis que, le 1er juin 2010, j’ai évoqué le grave danger qu’impliquait pour toute l’humanité la destruction du Cheonan, bateau amiral des forces navales de Corée du Sud

Pour moi, ce qui importe plus que tout, c’est que notre peuple soit bien informé des graves dangers qui nous menacent, ce n’est pas ma crédibilité personnelle.

J’ai demandé au camarade Osvaldo de réunir à ce siège, ce mardi 13 juillet, le groupe d’éminents économistes que je viendrai voir pour les prier de réaliser ce travail de «science-fiction» (appelons-le ainsi): dans les dix prochains jours, réfléchir et analyser à raison de quatre heures par jour ces questions délicates, dans le but de répondre à une question: que doivent faire les pays de «Notre Amérique» s’il se produit une situation telle que celle qu’évoque le texte ci-dessus, cité entre guillemets?

Il s’agirait, bien entendu, du coup d’envoi d’une nouvelle civilisation, à partir des connaissances scientifiques colossales dont s’est dotée notre espèce, pour que ne se reproduise pas les faits qui à mon sens se produiront mais ne pourront le faire qu’une fois.

J’ai également demandé à Osvaldo de leur remettre copie de ce texte.

A partir de l’information que m’avait fait parvenir le ministère des Relations extérieures, j’ai fait savoir à plusieurs ambassadeurs en poste dans des pays clés et à quatre présidents latino-américains que le conflit exploserait à partir de jeudi, le vendredi ou au plus tard le samedi.

Mon amertume explicable tient au fait que je travaillais sur la base d’une information officielle qui, n’incluant pas les deux longs paragraphes de la fin, m’a induit en erreur dans les Réflexions du 4 juillet et aurait porté un coup irréparable à ma crédibilité en ce moment historique décisif, ce dont je me suis rendu compte ce dimanche 11 juillet vers onze heures du matin.

J’ai aussi demandé à Osvaldo de distribuer aux économistes copie de ce message et d’y ajouter une copie du texte écrit du documentaire Home, du réalisateur français Yann Arthus-Bertrand, réalisé par un groupe international de personnalités visionnaires et bien informées, sur l’autre terrible menace qui pèse sur notre espèce: la destruction, sous nos yeux, de notre environnement.

Il existe encore des alternatives qui laissent une marge à l’espoir, si nous sommes capables de les choisir.

Fraternellement,

Fidel Castro Ruz

13 juillet 2010

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