COMITE PEDAGOGIQUE DU CAMPUS D’ABOUDAOU
Déclaration n°1
L’université algérienne est sensée être garante de la transmission et de l’accroissement du savoir. Aujourd’hui, jugée improductive, elle est détournée de sa fonction d’origine, réduite à un centre d’apprentissage des métiers. L’augmentation du nombre d’étudiants et la restriction des budgets alloués par l’Etat à l’enseignement supérieur, ont pour conséquence la saturation des infrastructures et la carence dans l’encadrement : l’université est réduite à réguler des flux d’étudiants en transit.
Les étudiants abaissés à des spectateurs marginalisés de la déchéance de leurs avenirs sont entrés en résistance dans les différentes universités nationales.
Face à toutes ces attaques, nous, les étudiants de l’université de Bejaïa, avons initié un processus de création d’un cadre de lutte à même d’encadrer et d’organiser le mouvement de protestation, pour une riposte commune aux attaques que nous subissons.
En effet, des assemblées générales ont été tenues au niveau des différents départements du campus Aboudaou, et ont abouti à l’installation des comités de département, formant à leurs tours le comité pédagogique du campus d’Aboudaou.
Le comité pédagogique a tenu sa première réunion le 06/12/2010, où les étudiants ont élaboré une plate-forme de revendications commune à tous les départements, conformément aux préoccupations exprimées lors des AG. Deux jours de grève reconductible ont été décrétés, pour le mercredi 08 et jeudi 09 décembre 2010.
Etudiant, étudiante, aujourd’hui plus que jamais la situation que nous vivons nous interpelle, nous impose de nous mobiliser davantage pour la sauvegarde de nos intérêts collectifs. A cet effet nous appelons l’ensemble des étudiant(e)s à observer massivement la grève pour la satisfaction de notre plateforme de revendications.
· Reconnaissance du Comité pédagogique comme seul interlocuteur légitime des étudiant(e)s et l’attribution de locaux à usage de bureaux.
· Le maintien du système classique et du concours Magister avec plus de postes.
· Accès au Master sans condition pour tous les licenciés 2010 et les promotions futures.
· Accès au Master 2 pour tous les étudiants du Master 1.
· Amélioration de l’encadrement sur les plans qualitatif et quantitatif.
· La construction d’un CHU pour les étudiants en médecine.
· Enrichir la bibliothèque centrale et la création des bibliothèques au niveau de chaque département.
· Accès libre et gratuit à l’école d’enseignement intensif des langues (CEIL).
· Réduire la surcharge (à 20 étudiants par groupe)
· Construction d’un centre culturel universitaire à Aboudaou.
· Limitation des missions des agents de sécurité et l’arrêt de leurs interventions aux niveaux des blocs d’enseignement et des amphithéâtres.
· La mise à disposition des moyens de l’université au service des étudiants.
· La prise en charge des stages par l’université.
· La création des écoles doctorales au niveau de chaque département.
Ensemble pour une université de service public, gratuite, critique et de qualité !
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Comité pédagogique
Bases fondamentales du comité pédagogique
Seule la lutte paie
« Il faut comprendre pour agir et, naturellement, agir pour comprendre » (Eugène Varlin)
« Nous devons contribuer à la formation d’un mouvement estudiantin d’envergure et unitaire, car l’offensive menée contre l’enseignement supérieur ne peut être repoussé que par un mouvement d’ampleur »
Le contexte universitaire et plus largement socio-économique que nous connaissons aujourd’hui tend vers la même logique de rentabilisation, de marchandisation (la professionnalisation des études, « l’apprentissage de métiers » remplace celui de « l’enseignement des savoirs »), de privatisation (Centre d’Enseignement Intensif de Langues », services d’hygiène, foyers, sécurité) qui concourt au démantèlement des services publics, au désengagement de l’Etat (réduction du nombre d’années d’études à trois (03) ans avec la réforme LMD et la multiplication des barrières sélectives pour l’accès au Master et au Doctorat), à l’accroissement des inégalités et à l’augmentation de la précarité (baisse du pouvoir d’achat de l’étudiant) et des discriminations (création de super-écoles, publiques et privées, auxquelles on n’a pas accès).
La généralisation du LMD n’est qu’une suite du processus de réformes qui vise à en finir avec l’université publique, critique et ouverte à tous, au service du peuple.
Face à ces attaques, les étudiant(e)s n’ont eu de cesse de se mobiliser. Cependant il reste encore à construire un véritable rapport de force, qui seul nous permettra de contrer cette logique de casse de l’enseignement public et de conquérir de nouveaux droits.
Aujourd’hui, les étudiant(e)s de Béjaïa se sont doté(e)s d’un comité pédagogique, qui est leur outil d’expression et d’action, dont le rôle est de défendre les revendications qui sont celles des étudiant(e)s, sans concession, en étant radicaux et pragmatiques.
C’est quoi le comité pédagogique ?
Le comité pédagogique est un cadre de lutte qui unit les étudiant(e)s dans la réflexion et l’action, il est l’expression de la solidarité entre étudiant(e)s, son rôle est de défendre les intérêts moraux et matériels de ces dernièr(e)s.
Le comité pédagogique s’inscrit dans la lutte, ayant comme modalités d’action l’établissement d’un rapport de force, nous refusons et condamnons la cogestion, on ne peut à la fois élaborer ou gérer les plans et les réformes du gouvernement et les combattre, on ne peut à la fois gérer la pénurie et défendre les droits des étudiant(e)s. nous ne sommes pas des partenaires de l’administration.
Nous revendiquons ce qui est légitime pas ce qui est raisonnable, nous n’avons pas, par exemple, à expliquer comment financer la construction de nouveaux amphis et blocs d’enseignement, pour y remédier à la surcharge, mais nous nous battons pour que l’Etat en construise parce que c’est son devoir, point !
Quelle est la composition du comité pédagogique ?
Le comité pédagogique se compose de tous les membres des comités des différents départements, ses membres se portent bénévoles lors des assemblées générales et sont révocables à tout moment, en cas de trahison, de manquement aux tâches assignées par les étudiants lors des A.G.
Comment fonctionne le comité pédagogique ?
Le comité pédagogique est une structure horizontale, il fonctionne par délibération collective dans des assemblées générales souveraines, qui assure la participation active de tous les étudiant(e)s à la réflexion, les débats, et la prise des décisions par consensus, ce que nous appelons la démocratie directe.
Les comités des départements se réunissent de façon ordinaire une (01) fois par mois, et de façon extraordinaire à chaque fois que la situation l’exige.
Le comité pédagogique se réunit de façon ordinaire une (01) fois par 45 jours, et de façon extraordinaire à chaque fois que la situation l’exige.
1. Pourquoi une structure horizontale ?
L’horizontalité est la forme d’organisation qui est la plus à même de permettre le contrôle de la base sur ses représentants, qui n’ont ni pouvoir de décision, ni privilèges, ni aucune autorité sur les autres étudiant(e)s.
L’émancipation des étudiant(e)s sera l’œuvre des étudiant(e)s eux-mêmes : en s’autoproclamant « interlocuteurs responsables », nous ne ferions que substituer une bureaucratie à une autre. Il ne s’agit donc pas, pour nous, ni de proposer aux étudiant(e)s un « projet de société » élaboré par des esprits miraculeusement éclairés !!! (conception inhérente aux appareils bureaucratiques et leur servant de justification idéologique), ni de s’en remettre à la spontanéité des masses comme source, également miraculeuse, dans notre stratégie, mais de nous organiser dans des comités, espaces de réflexions, de débats, de partages du pouvoir de décisions et d’actions entre tous les étudiant(e)s.
Nous ne sommes là que pour exprimer en mots d’ordre et en lutte les aspirations des étudiant(e)s. la lutte ne se commande pas d’en haut.
2. L’assemblée générale ?
L’Assemblée générale (AG) des étudiants est la base de tout. C’est d’elle que vient la légitimité de l’action et la souveraineté du mouvement.
N’oublions jamais que le but de l’Assemblée générale est de donner aux étudiants les moyens de décider ensemble, de se faire entendre et d’obtenir satisfaction sur leurs revendications.
Ensemble pour une université de service public, gratuite, critique et de qualité !
[UAMB, décembre 2010]
texte transmis par Tahar Hamadache que nous remercions amicalement
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