06 décembre 2010


INTERVENTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU « PC SUD-AFRICAIN » À LA 12ÈME RENCONTRE DES PARTIS COMMUNISTES.


Discours d'ouverture du secrétaire-général du « PC sud-africain » à la 12ème « Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers » du 05 décembre 2010.


Chers camarades
,

Bienvenue à ce grand rassemblement de la gauche anti-impérialiste, anti-capitaliste et pacifiste, rassemblement démocratique et de solidarité avec les travailleurs du monde entier. Nous sommes tous réunis ici en Afrique du sud – pour la toute première fois qu'un tel rassemblement se tient en terre Africaine – dans une période très importante du calendrier politique sud-africain.
En ce mois de Décembre 2010, il y aura cette  12ème « Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers », suivie par le 25ème anniversaire de la plus importante fédération syndicale de notre pays, la « COSATU » – notre allié et sans aucun doute la plus grosse fédération syndicale du continent Africain, qui sera tout de suite suivi par le 3ème « Congrès national de la Ligue de la jeunesse communiste du SACP (uFasimba) », et finalement, pour la toute première fois dans notre pays, le rassemblement du 17ème Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, organisé par cette organisation de masse alliée qu'est la « Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD) ».
Ainsi, en décembre, les forces anti-impérialistes et anti-capitalistes, et toutes les forces progressistes socialistes, devront toutes, à l'unisson, brandir le drapeau rouge, qui symbolise le sang des travailleurs du monde entier, faisant entendre fortement et clairement la grande importance que revêtent l'avenir de l'Afrique et la paix mondiale, qui sont des objectifs réalistes pour lesquels la classe ouvrière et les pauvres du continent sont prêts à se battre.
La tenue de cette toute première rencontre des partis communistes et ouvriers sur le continent africain continue de symboliser des décennies de solidarité des partis communistes et ouvriers avec la cause de la libération nationale, des luttes anti-coloniales et anti-impérialistes menées par les peuples du continent Africain.Ces luttes de solidarité ont été portées à de très haut niveau immédiatement après la victoire de la grande révolution socialiste d'Octobre, par les pays de l'ancien bloc de l'Est socialiste, ainsi que par les forces communistes du monde entier.
Le mouvement de libération Sud-africain, dont le « Parti communiste sud-africain » a toujours été partie intégrante, a grandement bénéficié de cette solidarité internationale socialiste et progressiste. C'est cette solidarité progressiste mondiale, couplée aux luttes héroïques du peuple Sud-africain, sous la direction de l'« African National Congress (ANC) », qui a mené à la défaite finale du régime criminel d'apartheid et à l'avènement de la percée démocratique de 1994.
Nous avons caractérisé la première élection de 1994 de percée démocratique pour deux raisons majeures. Premièrement, c'était une percée car cela ne signifiait pas la défaite finale de l'ensemble des forces réactionnaires, signalant par là que la lutte pour l'émancipation totale de la majorité opprimée était loin d'être terminée. C'était, et c'est toujours, pour cette raison que le « Parti communiste d'Afrique du sud » a décidé de faire partie de façon critique de l'alliance menée par l'« ANC ».
Nous avons ractérisé 1994 comme une percée démocratique également parce que nous savons, en tant que communistes sud-africains, que la libération totale du peuple noir de notre pays, où la classe ouvrière est toujours majoritaire, ne sera jamais pleinement réalisée à moins qu'il y ait transition vers le socialisme – le seul système qui est le mieux capable de détruire les restes d'exploitation capitaliste, d'oppression de genre et d'oppression nationale pesant sur notre peuple. En d'autres termes, les tâches de la révolution national-démocratique peuvent seulement être accomplies par un régime socialiste.
Les tâches de la révolution Sud-africaine reflètent encore largement les défis politiques que rencontre le continent sud-africain dans son ensemble. Le défi fondamental de notre continent est la réalisation de révolutions national-démocratiques dans chaque pays, une tâche qui est en même temps la principale plate-forme sur laquelle consolider et faire progresser la lutte pour le socialisme. Autrement dit, la lutte pour consolider, faire progresser et renforcer les révolutions national-démocratiques progressistes est notre voie directe vers le socialisme.

LA NOUVELLE COURSE CAPITALISTE À L'AFRIQUE ET LA CRISE CAPITALISTE MONDIALE
L'approfondissement de la crise du capitalisme mondialisé s'accompagne d'une intensification d'une nouvelle course à l'Afrique, faisant penser à l'essor de la colonisation Européenne du continent Africain au XIXème siècle.
Le « SACP », en chœur avec le reste des partis communistes et ouvriers du monde entier, a constamment insisté sur le fait que la crise capitaliste mondiale actuelle n'est pas qu'une aberration, mais une partie intégrante du système capitaliste.
Il existe de nombreuses similarités entre la course au continent Africain au XIXème siècle et la course à l'Afrique aujourd'hui. C'est une course à la super-exploitation des ressources naturelles de l'Afrique sans aucune initiative de développement local pour l'Afrique.
Elle est désormais appuyée par la toute-puissance militaire des Etats-unis, qui construit en ce moment une nouvelle force militaire en Afrique, nommée de façon volontairement équivoque « Africa Command », comme s'il s'agissait d'une armée Africaine dans les intérêts de notre continent, alors qu'il s'agit en réalité de la constitution d'une force militaire unifiée destinée à protéger et à faire progresser les intérêts de l'impérialisme sur le continent Africain.
Dans le même temps, il y a quelque chose de nouveau à propos de l'actuelle course à l'Afrique. Il s'agit désormais d'une nouvelle offensive capitaliste essayant de s'accrocher à sa domination économique au vu de l'émergence de centres de pouvoir économiques alternatifs potentiels, en particulier la Chine, l'Inde et le Brésil.
Compte tenu de ces nouvelles réalités, il existe en effet de nouvelles possibilités de forger de nouveaux types de rapports avec les classes ouvrières et les autres forces progressistes dans le monde en développement pour essayer d'exploiter ces nouveaux espaces pour contester l'impérialisme.
Puisque cette 12ème « Rencontre des partis communistes et ouvriers » se déroule dans notre pays, il convient de souligner que nombreux sont ceux sur le continent qui, au cours de cette année, ont réfléchi et demandé tout haut ce que les commémorations marquant les 50 ans de la décolonisation ont signifié pour eux, tout comme les luttes de libération nationale pour lesquelles ils auraient donné leur vie.
En organisant cette 12ème Rencontre en Afrique du sud, le mouvement communiste international se recentre sur les questions et problèmes politiques posés par la thèse de la Révolution africaine. En tant que « SACP », nous nous sommes saisis de la question depuis bien longtemps.
Servons-nous donc de cette 12ème « Rencontre des partis communistes et ouvriers » comme d'une opportunité de renforcer la solidarité des forces progressistes mondiales avec les luttes des peuples du continent Africain. Profitons également de cette occasion pour exprimer le soutien des forces progressistes mondiales avec les luttes héroïques du peuple Saharoui (au Sahara occidental) pour libérer la dernière colonie sur le continent Africain, hélas toujours colonisé par un autre pays Africains, bénéficiant de l'appui inconditionnel des forces impérialistes Françaises et Etats-uniennes essentiellement.
Profitons également de cette occasion pour exprimer notre solidarité avec le peuple du Swaziland qui subit encore le joug d'un régime féodal qui a supprimé tous les partis politiques et toute liberté d'organisation et d'expression.
Voilà ce qui constituent quelqu'uns des défis majeurs que doit affronter la Révolution africaine aujourd'hui!

LES PRINCIPAUX DÉFIS DE LA EVOLUTION SUD-AFRICAINE AUJOURD'HUI
Avec la conférence nationale historique de l'« ANC » en 2007, ont émergé de nouvelles opportunités dans notre pays pour approfondir une révolution national-démocratique radicale. Cette conférence historique de notre allié en 2007 a marqué la défaite d'un agenda néo-libéral qui avait tenté de faire de notre principale organisation de libération nationale, l'« ANC », un parti étroitement électoraliste menant des politiques néo-libérales et cherchant à marginaliser si ce n'est à effacer la classe ouvrière et ses organisations principales en Afrique du sud, le « SACP » et la « COSATU ».
Le « SACP » a été guidé, depuis 1995 – une année après notre percée démocratique de 1994 – par deux objectifs stratégiques et programmatiques essentiels. Le premier a été de chercher à consolider une révolution national-démocratique menée par la classe ouvrière comme plate-forme principale sur laquelle on pouvait solidifier un pouvoir d'Etat dirigé par l'« ANC », dans le cadre d'une alliance avec le « SACP » et la « COSATU ». Notre mot d'ordre adopté immédiatement après 1994 est que « Le socialisme est l'avenir, construisons-le dès maintenant ». Le contenu principal de cette orientation stratégique a été que la consolidation de la révolution national-démocratique rend nécessaire une organisation et une mobilisation active de type socialiste comme seule garantie pour assurer une transition vers le socialisme à l'avenir.
Depuis le début des années 2000, nous avons enrichi nos perspectives stratégiques et mis sur pied un programme et des campagnes pour constituer une influence de classe dans six lieux de pouvoir capitaux: dans l'Etat, dans l'économie, sur les lieux de travail, dans les quartiers/communautés, dans la lutte idéologique et par la solidarité internationaliste. A cette fin, nous avons intensifié le travail et les campagnes de masse, articulés à la participation communiste au gouvernement et à d'autres institutions de l'Etat, principalement mais non exclusivement par notre campagne de masse annuelle que nous avons intitulé « La campagne d'Octobre rouge », en s'inspirant de la grande « Révolution d'Octobre socialiste ».
Notre conception stratégique s'est appuyée sur une analyse selon laquelle dans nos conditions, et sous la direction de l'« ANC », il n'y a pas de contradiction, dans la période actuelle, entre la participation communiste à l'État et la construction en parallèle d'un pouvoir indépendant ouvrier et populaire à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'État.
Ce sont pour les mêmes raisons, entre autres, que le « SACP » a cherché à approfondir et à renforcer notre alliance avec l'« ANC » et la « COSATU », comme une plate-forme essentielle pour consolider le pouvoir ouvrier, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'État. Ce sont ces considérations qui nous ont également poussé à participer au gouvernement, sans pour autant mettre en péril les programmes indépendants du « SACP ». C'est également par ce moyen que nous cherchons à élargir les possibilités et les conditions d'une agitation socialiste.
Nous venons juste de traverser une des plus grandes périodes de boom sur le marché mondial des matières premières juste avant la crise capitaliste mondiale actuelle. Tandis que certains secteurs du capital s'en sont sortis très bien, nous n'avons pas créé suffisamment d'emplois et les problèmes systémiques de l'économie Sud-africaine (énormes inégalités, marginalisation spatiale d'au moins la moitié de la population, et des niveaux critiques de chômage) ont subsisté et se sont même activement reproduits au beau milieu des 5% de croissance annuelle que nous avons connu entre 2002 et 2007.
Le « SACP », travaillant en collaboration avec ses alliés, a constamment cherché à créer les conditions de la rupture avec notre voie de croissance semi-coloniale qui est portée par les exportations et dépendant des importations, tout en se concentrant sur la constitution de la capacité productive de notre économie. Tout cela nécessite, dans nos calculs stratégiques, la mobilisation de la classe ouvrière et de notre peuple dans son ensemble, et le maintien de l'orientation progressiste de notre Alliance.
La crise capitaliste mondiale fait des ravages dans la vie des travailleurs et des pauvres aux quatre coins du monde, y compris ici en Afrique du sud. Tout en mettant en œuvre des mesures défensives pour atténuer au maximum les effets de la crise, nous devons profiter de la crise pour mettre en place de façon audacieuses des mesures qui transformeront notre économie et notre pays, et les placeront sur la voie d'une croissance dans les intérêts des travailleurs.
Au cœur de notre réponse stratégique, tactique et programmatique doit se trouver la mobilisation de masse de la classe ouvrière – la force motrice et directrice de notre révolution national-démocratique – qui apportera la force de frappe des masses, les objectifs stratégiques et la flexibilité tactique nécessaires au dépassement des crises capitalistes actuelles et à la poursuite d'une nouvelle voie de croissance développementaliste.

LA NÉCESSITÉ D'UNE SOLIDARITÉ INTERNATIONALISTE PROLÉTARIENNE ET LA PLATE-FORME DES « PARTIS COMMUNISTES ET OUVRIERS »
C'est à partir des réalités sud-africaines décrites ci-dessus que le « SACP » croit fermement en la nécessité de continuer à renforcer la solidarité prolétarienne mondiale. La plate-forme des Partis communistes et ouvriers reste pertinente et essentielle pour pouvoir mener des politiques progressistes et indépendantes en tant que pays et sur le continent Africain, en tant que terrain de lutte le plus immédiat pour le socialisme dans notre pays, sur le continent et en réalité dans le monde entier.
A notre façon, nous avons au cours des deux dernières années lancé l'initiative d'un réseau des forces progressistes de gauche sur le continent Africain afin d'approfondir la lutte pour la démocratie, la paix et le socialisme. Nous avons fait cela sous l'égide d'une organisation plus large, le « Forum du réseau de la Gauche africaine (ALNEF) ». En réalité, ce n'est pas un forum constitué uniquement de partis ou de formations marxistes-léninistes, mais plutôt un forum pour des organisations et des partis progressistes sur le continent qui s'identifient d'une façon large avec la lutte pour la justice économique et sociale, la pleine et entière libération nationale et une alternative juste, si ce n'est un avenir socialiste, pour notre continent. C'est ce forum que nous aimerions également que les Partis communistes et ouvriers soutiennent et cherchent à consolider comme principal partenaire continental en Afrique.
Au nom du « SACP », et donc des travailleurs et des pauvres de notre pays, nous accueillons tous nos camarades et amis dans cette toute première rencontre en Afrique, véritablement historique, des partis communistes et ouvriers du monde entier. Profitez de l'hospitalité sud-africaine, et nous offrons l'amitié de notre peuple à tous les délégués à ce rassemblement.
Le socialisme est l'avenir – construisons-le maintenant !

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