[ANALYSE] Iran: Israël ne rêve que d ’un prétexte pour déclencher la guerre
par Gilad Atzmon
Gilad
Atzmon est un jazzman et militant anti-sioniste britannique, né en
Israël et résidant actuellement à Londres. Partisan affirmé de
l ’anti-sionisme juif, il se défend toutefois de tout antisémitisme
expliquant n ’avoir rien contre les individus en soi. Il considère ainsi
le sionisme comme une « idéologie qui mène le monde à la
catastrophe » et auquel il faut donc faire barrage.
Le 21
juillet dernier sur son blog personnel il nous livrait son analyse de
l ’esprit va-t-en guerre des dirigeants actuels israéliens, une lecture
éclairante et rare.
Seulement
quelques heures après l’attentat contre des touristes israéliens en
Bulgarie, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son
ministre de la Défense Ehud Barak furent prompts à déclarer que l’Iran
et le Hezbollah se trouvaient derrière cet attentat. En fait, il n ’a
pas fallu plus de deux heures au premier ministre pour accuser un autre
pays d’avoir commis un acte de guerre contre des citoyens israéliens sur
le sol d’un pays tiers. Bien évidemment, Netanyahou n’a fourni aucune
preuve pour appuyer sa théorie. À vrai dire, même aujourd’hui, trois
jours après l’attentat (article ecrit le 21 Juillet 2012), aucune piste
claire suggérant un lien avec l’Iran ou le Hezbollah n’est disponible.
Qu’est-ce
qui a donc décidé Netanyahou si fermement ? Est-ce parce qu’il a
lui-même connaissance que des agents israéliens tuent des scientifiques
iraniens depuis des années ? Est-ce que Netanhayou a réagi de la sorte
parce que, les assassinats perpétrés par le Mossad à Téhéran bien
considérés, il serait possible qu’Israël ne puisse s’en prendre qu’à
lui-même en cas de réplique iranienne ? Bibi faisait-il une projection
(au sens freudien) ?
Je n’ai
bien sûr pas accès aux pensées de Netanyahou ou de Barak, mais Israël
est désormais clairement prêt à tout pour pouvoir attaquer les
installations nucléaires iraniennes, même si de telles attaques devaient
dégénérer en conflit nucléaire mondial. Afin de bien comprendre ce
qu’il y a là de malsain, il faut garder à l’esprit que la notion de
suicide collectif est inhérente à la culture israélienne. Il se trouve
que les histoires de Massada et Samson, récits de suicides héroïques
toutes les deux, sont chères aux israéliens. Cependant, l’enthousiasme
de Netanyahou et de Barak à vouloir déclencher une guerre mondiale mis à
part, il n’est pas évident du tout de savoir si les masses israéliennes
sont si prêtes que cela à se sacrifier sur l’autel juif national.
Il m’est
d’avis que l’empressement de Barak et Netanhayou à désigner l’Iran comme
coupable est une preuve de leur irrépressible désir d’attaquer ce pays.
À ce jour, les deux dirigeants israéliens ont réussi à se débarrasser
de tout opposant d’importance à une telle attaque.
L’ex-directeur
du Mossad, Meir Dogan, et le chef d ’état major de Tsahal, Gabi
Ashkenazi, tous deux opposés à une action militaire contre l’Iran, sont
désormais exclus de tous les processus de décision.
Ancien
chef d ’état-major des forces israéliennes, Shaul Mofaz, chef du parti
Kadima, qui s’est lui aussi opposé à une attaque contre l’Iran, a quitté
la coalition de Netanhayou la semaine dernière. Il semble qu’il n’y ait
personne au sein du gouvernement israélien qui puisse mettre un frein
aux passions génocidaires de Barak et Netanyahou.
En outre, d’un point de vue militaire israélien, le chaos qui règne actuellement en Syrie est considéré comme une “fenêtre d’opportunité”.
Les généraux israéliens supposent que le régime d’Assad, qui lutte pour
sa survie, s’abstiendrait d’intervenir en cas d’attaque contre l’Iran.
De plus, les israéliens croient que sans le soutien de la Syrie, le
Hezbollah se tiendrait lui aussi à l’écart. Pour Israël, cela signifie
que le nord du pays est à l’abri des missiles moyenne et courte portée
du Hezbollah, du moins pour le moment.
Les
israéliens, comme d’habitude, se bercent d’illusions. Pour une raison
particulière, ils n’arrivent pas à envisager les conséquences
dévastatrices d’un tel conflit. Barak, par exemple, a annoncé de façon
“optimiste” la semaine dernière, qu’un affrontement avec l’Iran pourrait
“coûter la vie à près de 500 israéliens”. Tout d’abord, il est
intéressant d’apprendre avec quelle aisance un ministre de la Défense
israélien est heureux de sacrifier 500 des siens.
Ensuite,
il n’est pas facile du tout de savoir sur quoi se base l’estimation de
Barak. En considérant le scénario communément admis d’une réplique
iranienne immédiate de plus de 1 500 missiles en direction de Tel Aviv,
Barak doit se figurer que chacun des missiles iraniens n’est capable que
de détruire le tiers d’un israélien. Barak est en effet un optimiste.
Il est
aussi difficile de savoir si Israël possède ou non la capacité militaire
de frapper l’Iran et de mettre en péril son projet nucléaire. Plus tôt
dans l’année, des analystes américains ont suggéré que l’armée de l’air
israélienne ne possédait pas la puissance de feu nécessaire pour
attaquer l’Iran.
Par
exemple, il lui manque la capacité aéroportée le ravitaillement en
carburant qui serait nécessaire à un démantèlement du projet nucléaire
iranien. Il est aussi difficile de savoir si Israël attaquerait ou non
l’Iran sans un feu vert américain et le caractère improbable d ’un tel
accord délivré par Obama avant l’élection présidentielle américaine est
largement admis.
Je crois
que ce que tout cela signifie est très simple: la question de savoir si
Israël va attaquer ou non l’Iran est évidemment toujours ouverte.
Néanmoins, nous possédons des indices clairs que les dirigeants
israéliens sont plus qu’impatients de le faire. Barak et Netanyahou
courent après un prétexte pour déclencher un conflit mondial.
Il est
totalement évident que l’État juif et ses lobbies pro-guerre sont la
menace ultime à la paix mondiale. Nous devons nous occuper de cette
menace immédiatement.
Gilad Atzmon le 21/07/2012
Par Miso et Maddle pour la cuisine à Tanio.
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