Régulièrement des Algériens sautent encore sur des mines anti-personnels qui avaient été posées par la France pendant la guerre. Onze millions de mines avaient alors été posées.
Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, il en reste 2,5 millions à neutraliser. La France n’a remis à l’Algérie la carte des zones minées qu’en 2007.
Au beau milieu de la guerre d’Algérie (1954-1962), l’armée française lutte contre l’armée de libération nationale (ALN). Pour asphyxier cette dernière, et l’empêcher d’obtenir des renforts depuis ses bases arrières dans les pays voisins du Maroc et de la Tunisie, il fut décidé de miner les frontières Est et Ouest du pays.
Le ministre français de la défense André Morice et le général Maurice Challe furent les grands orchestrateurs de ce chantier qui porte leurs noms. Les lignes Challe et Morice ont été érigées pendant les années 1957 à 1959. Ces lignes se complètent, se dédoublent et parfois se confondent, d’où le fait que l’on parle aussi de « la » ligne Challe et Morice.
Cette ligne de barbelés électrifiés et minés courait sur 700km le long de la frontière marocaine et sur 460km le long de la frontière tunisienne. Quelque onze millions de mines anti-personnels ont alors été disséminées sur ces lignes et sur les quelques zones minées à l’intérieur du pays. Il s’agissait de mines à effet de souffle, dans la très grande majorité des cas.
Dès l’indépendance, l’armée algérienne s’attelle au chantier de déminage. Huit millions de mines sont supprimées jusqu’en 1988. Avant que les événements politiques, puis la plongée dans la décennie noire ne mettent en sommeil ce chantier. Pendant la guerre civile, les groupes terroristes eux aussi sèment des bombes de facture artisanale et l’armée algérienne de son côté mine une quinzaine de sites jugés stratégiques pour les protéger.
Un vaste chantier
C’est fin 2004 que reprit le travail de déminage, quelques années après que l’Algérie a ratifié la convention d’Ottawa sur la destruction des mines antipersonnel. À l’époque il restait encore trois millions de mines sur le sol algérien. Depuis 600000 ont été neutralisées.
L’Algérie a récemment demandé une prolongation jusqu’en 2017 pour achever le déminage qui aurait dû être terminé cette année. Au fil des décennies, les mines ont migré au gré du vent, des pluies, de l’érosion ou du fil de l’eau des rivières. Elles se retrouvent parfois dans des endroits tout à fait inattendus. Plusieurs fois par an, les mines font en Algérie la une de l’actualité, lorsque des personnes, parfois des enfants, sautent sur des engins égarés.
Officiellement 3500 victimes sont répertoriées et indemnisées depuis l’indépendance. Elles sont beaucoup plus nombreuses, estime Handicap international qui a mis en place ces dernières années un programme de sensibilisation au risque des mines, en lien avec les associations de victimes et le comité interministériel chargé de la mise en œuvre de la convention d’Ottawa.
La France a attendu 45 ans pour remettre officiellement à l’Algérie le 20 octobre 2007 les plans des zones minées pendant la période coloniale. Ces plans «n’ont pas permis d’identifier d’autres zones polluées du territoire algérien que celles découvertes auparavant» par l’armée algérienne, a estimé le colonel Ahcène Guerabi, à la tête du comité interministériel sur le déminage, dans son rapport daté de février dernier.
MARIE VERDIER (à Béchar)
Journal La Croix
Cri du Peuple : http://www.mleray.info/article-algerie-les-mines-fran-aises-tuent-encore-107623292.html
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