Il y a vingt ans, la liberté
L'Afrique du Sud est toujours à la recherche du prochain Mandela
http://syndicats.over-blog.com/article-nelson-mandela-il-y-a-vingt-ans-la-liberte-44753552.htmlPhoto : Agence France-Presse Leon Neal
L’icône de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, Nelson Mandela.
Johannesburg — Deux décennies après sa libération, Nelson Mandela, 91 ans, apparaît de moins en moins en public, mais reste l'objet d'une vénération dans le monde. Retiré dans une banlieue cossue de Johannesburg, l'icône de la lutte antiapartheid protège jalousement sa vie privée, limitant ses apparitions au strict minimum.
«Nous ne parlons pas de sa vie privée sauf pour dire qu'il voit ses amis et sa famille et qu'il fait ce que tout retraité fait, qu'il lit et regarde la télévision», explique Achmat Dangor, directeur général de la Fondation Nelson Mandela.
La libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990 après 27 années passées en prison, avait donné le coup d'envoi de négociations politiques avec le gouvernement en place et avait marqué le début de la fin de l'apartheid. Alors âgé de 71 ans, Mandela allait devenir trois ans plus tard le premier président noir d'Afrique du Sud et le symbole de la réconciliation.
Admiré et aimé de tous les Sud-Africains, quelle que soit leur origine, il s'est éloigné des projecteurs depuis son retrait de la vie politique en 1999. S'il continue à recevoir de temps en temps des responsables politiques ou des personnalités, les rencontres se font de plus en plus rares et la Fondation est fréquemment obligée de rassurer sur son état de santé.
Friand d'information
Selon la Fondation et ses amis, Nelson Mandela profite de sa retraite bien méritée, mais reste pleinement informé de l'actualité politique. «Il lit au moins quatre journaux par jour dans son fauteuil et regarde les informations à la télévision», raconte George Bizos, un ami proche qui, en tant qu'avocat, a participé à la défense de Mandela lors de son procès pour trahison en 1963.
Mais, comme on peut s'y attendre pour un homme de 91 ans, sa mémoire commence quelquefois à avoir des ratés.
Il est difficile de sous-estimer le poids de son héritage, depuis son désormais célèbre pas de danse jusqu'à la victoire devant son public de l'équipe nationale à la Coupe du monde de rugby de 1995. Le triomphe des Springboks, qui avait réuni la nation pour la première fois de son histoire derrière une équipe de sport, a inspiré le film Invictus, qui vient de sortir sur les écrans.
Le miracle
La libération de l'icône de la lutte contre l'apartheid avait débouché sur la tenue historique d'élections multiraciales en 1994 et sur l'élection du premier président noir d'Afrique du Sud, permettant au pays d'accéder au rang de démocratie.
Aux yeux de certains détracteurs, l'héritage de Mandela a été terni par le limogeage de son successeur, Thabo Mbeki, par le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), et par un scandale sexuel impliquant l'actuel président, Jacob Zuma.
L'accession de l'Afrique du Sud au rang de démocratie a toutefois tenu du miracle. Le processus de réconciliation mené par Mandela a dû venir à bout de fortes réticences des Blancs conservateurs. Aujourd'hui, la ségrégation a laissé la place à l'intégration, et Noirs et Blancs se traitent avec respect.
Mais aujourd'hui, beaucoup de Noirs sud-africains continuent de vivre dans une extrême pauvreté dans des bidonvilles sordides. Des membres de la communauté noire se plaignent de l'absence de changement notable depuis l'accession au pouvoir de Nelson Mandela et de l'ANC qui avait promis emplois, logements et soins médicaux pour tous. Le taux officiel de chômage se situe tout juste en dessous des 25 %, mais serait en fait plus élevé selon les analystes.
Mêmes enjeux
Aujourd'hui, «les enjeux sont les mêmes. S'il devait y en avoir trois, ce seraient le chômage, l'inégalité sur fond de racisme et la pauvreté. Les changements qui se sont produits entre 1990 et 2010 ne sont pas profonds», résume Nic Borain, politologue indépendant. La délinquance est répandue dans le pays, qui affiche l'un des taux de violence les plus élevés au monde. Le pays doit également faire face au plus grand nombre de cas de VIH/sida.
En outre, les écarts de revenus entre les différents groupes ethniques se sont creusés depuis 1995 dans un pays décrit par la Banque mondiale comme présentant des «disparités extrêmes en matière de revenus et de patrimoine». Au moins 34 % des 50 millions de Sud-Africains vivent avec moins de deux dollars par jour, selon la Banque mondiale.
«Il n'y a actuellement personne susceptible de diriger le pays avec un tel consensus. Il faut trouver le prochain Mandela; pas le bâtisseur de la nation, mais celui qui révolutionnera l'économie», explique Peter Attard Montalto, économiste spécialiste des marchés émergents chez Nomura International.
Beaucoup de choses ont néanmoins changé dans le pays avec l'apparition d'une classe moyenne noire, une génération d'écoliers évoluant dans une société multiraciale et l'extension de l'accès pour des millions de gens à l'eau et à l'électricité.
«Nous ne parlons pas de sa vie privée sauf pour dire qu'il voit ses amis et sa famille et qu'il fait ce que tout retraité fait, qu'il lit et regarde la télévision», explique Achmat Dangor, directeur général de la Fondation Nelson Mandela.
La libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990 après 27 années passées en prison, avait donné le coup d'envoi de négociations politiques avec le gouvernement en place et avait marqué le début de la fin de l'apartheid. Alors âgé de 71 ans, Mandela allait devenir trois ans plus tard le premier président noir d'Afrique du Sud et le symbole de la réconciliation.
Admiré et aimé de tous les Sud-Africains, quelle que soit leur origine, il s'est éloigné des projecteurs depuis son retrait de la vie politique en 1999. S'il continue à recevoir de temps en temps des responsables politiques ou des personnalités, les rencontres se font de plus en plus rares et la Fondation est fréquemment obligée de rassurer sur son état de santé.
Friand d'information
Selon la Fondation et ses amis, Nelson Mandela profite de sa retraite bien méritée, mais reste pleinement informé de l'actualité politique. «Il lit au moins quatre journaux par jour dans son fauteuil et regarde les informations à la télévision», raconte George Bizos, un ami proche qui, en tant qu'avocat, a participé à la défense de Mandela lors de son procès pour trahison en 1963.
Mais, comme on peut s'y attendre pour un homme de 91 ans, sa mémoire commence quelquefois à avoir des ratés.
Il est difficile de sous-estimer le poids de son héritage, depuis son désormais célèbre pas de danse jusqu'à la victoire devant son public de l'équipe nationale à la Coupe du monde de rugby de 1995. Le triomphe des Springboks, qui avait réuni la nation pour la première fois de son histoire derrière une équipe de sport, a inspiré le film Invictus, qui vient de sortir sur les écrans.
Le miracle
La libération de l'icône de la lutte contre l'apartheid avait débouché sur la tenue historique d'élections multiraciales en 1994 et sur l'élection du premier président noir d'Afrique du Sud, permettant au pays d'accéder au rang de démocratie.
Aux yeux de certains détracteurs, l'héritage de Mandela a été terni par le limogeage de son successeur, Thabo Mbeki, par le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), et par un scandale sexuel impliquant l'actuel président, Jacob Zuma.
L'accession de l'Afrique du Sud au rang de démocratie a toutefois tenu du miracle. Le processus de réconciliation mené par Mandela a dû venir à bout de fortes réticences des Blancs conservateurs. Aujourd'hui, la ségrégation a laissé la place à l'intégration, et Noirs et Blancs se traitent avec respect.
Mais aujourd'hui, beaucoup de Noirs sud-africains continuent de vivre dans une extrême pauvreté dans des bidonvilles sordides. Des membres de la communauté noire se plaignent de l'absence de changement notable depuis l'accession au pouvoir de Nelson Mandela et de l'ANC qui avait promis emplois, logements et soins médicaux pour tous. Le taux officiel de chômage se situe tout juste en dessous des 25 %, mais serait en fait plus élevé selon les analystes.
Mêmes enjeux
Aujourd'hui, «les enjeux sont les mêmes. S'il devait y en avoir trois, ce seraient le chômage, l'inégalité sur fond de racisme et la pauvreté. Les changements qui se sont produits entre 1990 et 2010 ne sont pas profonds», résume Nic Borain, politologue indépendant. La délinquance est répandue dans le pays, qui affiche l'un des taux de violence les plus élevés au monde. Le pays doit également faire face au plus grand nombre de cas de VIH/sida.
En outre, les écarts de revenus entre les différents groupes ethniques se sont creusés depuis 1995 dans un pays décrit par la Banque mondiale comme présentant des «disparités extrêmes en matière de revenus et de patrimoine». Au moins 34 % des 50 millions de Sud-Africains vivent avec moins de deux dollars par jour, selon la Banque mondiale.
«Il n'y a actuellement personne susceptible de diriger le pays avec un tel consensus. Il faut trouver le prochain Mandela; pas le bâtisseur de la nation, mais celui qui révolutionnera l'économie», explique Peter Attard Montalto, économiste spécialiste des marchés émergents chez Nomura International.
Beaucoup de choses ont néanmoins changé dans le pays avec l'apparition d'une classe moyenne noire, une génération d'écoliers évoluant dans une société multiraciale et l'extension de l'accès pour des millions de gens à l'eau et à l'électricité.
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